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Portrait de RSF/DR |
Dans un article d'opinion sur ses colonnes, le New York Times a met en exergue l'arrestation de Hajar Raissouni, journaliste jugée pour avoir avorté et avoir eu des rapports sexuels hors mariage, malgré le fait que la défense de la journaliste soutient qu'il n'y a pas eu d'avortement, que les rapports médicaux présentés sont faux et qu'il y a des motifs politiques derrière l'arrestation. L'article dénonce le double visage de l'État marocain qui se présente comme un État modernisateur défendant les droits des femmes, et au même instant, il encourage le conservatisme social presque de la même manière que les islamistes.
"L'arrestation inattendue de Mme Raissouni suggère qu'elle a été prise pour cible en raison de sa profession et de ses relations. Et cela montre à quel point tout le monde est vulnérable lorsque la moralité est contrôlée arbitrairement par un État autocratique, qui peut choisir d'exposer "l'indécence" de la vie de certaines personnes mais pas des autres. Les personnes visées auront toujours tendance à être les plus impuissantes ou les plus gênantes pour les autorités", analyse l'article.
Pour les raisons de l'arrestation de la journaliste, le New York Times estime que "Mme Raissouni travaille au journal Akhbar al Youm, l'un des rares médias importants du pays qui n'est pas sous le contrôle direct ou indirect des autorités ; son oncle, Suleiman Raissouni, est son rédacteur en chef. Elle a écrit avec sympathie sur le Hirak, un mouvement de protestation dans le nord du Maroc contre la corruption et le manque de développement, dont les dirigeants sont aujourd'hui en prison", en ajoutant que "l'autre oncle de Mme Raissouni, Ahmed Raissouni, est un érudit religieux influent lié au principal parti islamiste du pays, le Parti de la justice et du développement - la seule force politique au Maroc capable de mobiliser l'opposition contre la monarchie toute puissante du pays".
Le journal new-yorkais fait état que le corps et la vie privée de la journaliste ont été gravement violés -peut-être- pour régler des comptes politiques.
"L'Etat marocain se présente comme un Etat modernisateur et affirme qu'il est contraint d'aller lentement avec des réformes pour s'adapter à une société conservatrice et aux islamistes. Mais ni la "société" ni les "islamistes" n'ont contraint la police et la justice à arrêter et à poursuivre Hajar Raissouni", dénonce la même source.
L'article n'hésite pas d'ailleurs à appeler un chat un chat et le régime marocain une autocratie qui s'attribue des principes dont elle ne pratique pas. "Le pouvoir réel au Maroc est presque entièrement entre les mains du roi, de son entourage et de l'appareil sécuritaire, et non des élus. Le palais a le pouvoir politique de réformer les lois rétrogrades. Au lieu de cela, les autorités encouragent le conservatisme social presque autant que les islamistes".
"En cela, le Maroc est comme les autres autocraties de la région : même s'ils prétendent être un rempart contre l'extrémisme, ils s'efforcent rarement, voire jamais, d'étendre les libertés individuelles. Au lieu de cela, la liberté devient une monnaie d'échange", conclut l'article.
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