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2 sept. 2019

Édito. Les peuples rifain et sahraoui paient toujours le gâchis laissé par le colonialisme espagnol et français

Des affrontements dans le Rif/DR



Dans un article sur ses colonnes, Foreign Policy indique que les habitants de Hong Kong et du Cachemire paient toujours le gâchis laissé par le colonialisme britannique qui a ouvert la voie aux conflits dans ces deux régions supposées être autonomes. Un patient a demandé à Chris Patten, le dernier gouverneur de Hong Kong: «Vous nous dites toujours que la Grande-Bretagne est la plus vieille démocratie du monde. Alors, pourriez-vous m'expliquer pourquoi vous cédez Hong Kong au dernier grand régime totalitaire sans demander l'opinion de la population de Hong Kong ? », rappelle la même source. 

Ce qu'il faut indiquer à cet égard, c'est que Hong Kong et Cachemire ne sont pas les uniques régions dans le monde qui paient toujours le prix exorbitant à cause de la connerie coloniale. Le colonialisme a pris ses troupes, mais ses conséquences sont toujours là. Ce qui est évoqué dans l'article du Foreign Policy concernant le colonialisme britannique, vaut pour celui de la France et de l'Espagne aussi, et parallèlement pour le Rif et le Sahara occidental. 

L'occasion d'aborder ce sujet n'est pas pour mener un débat déjà stérile autour de la question controversée du colonialisme, et qui est instrumentalisée aujourd'hui par différents courants idéologiques, notamment les extrémistes, mais pour mettre en évidence le fait que des peuples entiers paient à nos jours le prix fort et subissent des effets négatifs en conséquence du colonialisme, notamment ce que l'on appelle les minorités. 

En retour aux origines de la crise dans le Rif, et de conflit au Sahara occidental, ces deux régions qui souffrent depuis si longtemps de graves violations et d'un black-out imposé par un régime policier, non démocratique, hostile à l'identité régionale et consolidé par principalement la France et les États-Unis, on peut déduire facilement les motifs et les causes de ces souffrances. 




Au Rif, après l'abattage de la résistance rifaine dans les années 20 par la France et l'Espagne, en convertissant le Rif en pays exsangue, l'Espagne a mis à l'exécution la rétrocession du Rif à la monarchie marocaine sans demander l'avis de la population locale lors des années 50. Après quoi, on sait la suite, l'effusion du sang rifain comme une revanche de la proclamation de la République du Rif a coûté la vie à plus de 10 000 rifains lors de la répression fasciste dirigée par Hassan Il, le Général Oufkir et l'armée marocaine en 1958/59. La rage et la cruauté du régime policier marocain contre les Rifains persistent depuis lors, la condamnation des militants pacifiques du Hirak à de lourdes peines allant jusqu'à 20 ans de prison ferme en est le dernier épisode et exemple.

Presque le même scénario s'est répété au Sahara occidental au milieu des années 1970, alors que Franco n’en finit plus d’agoniser, Madrid se décide enfin à en partir. A qui doit revenir ce que l’on appelle encore le "Sahara espagnol" ? L'Espagne a cédé le territoire à la monarchie marocaine, sans l'aval des Sahraouis, les habitants du pays. Ce qui a déclenché un conflit armé dont l'ONU n'a réussi à faire accepter un cessez-le-feu aux belligérants qu'en 1991 pour objectif d’organiser un fameux référendum d’autodétermination qui était prévu pour 1992. Avant que la monarchie marocaine change son avis à propos du référendum d'autodétermination en question, provoquant une crise et un statu quo sans horizons, et qui risquent de déclencher encore une fois une guerre dans la région. 

La question n'est pas d'être contre ou pour l'indépendance du Sahara occidental, mais de respecter les droits humains et la liberté d'expression. Ces principes sont systématiquement violés dans cette région. Et s'il y avait un État de droit qui fonctionne démocratiquement au Maroc, ces crises et ces conflits n'auraient pas eu lieu.  

Pourtant, malgré la responsabilité historique des puissances coloniales, à savoir l'Espagne et la France, de la tragédie des peuples rifain et sahraoui, ces deux États n'ont jamais entrepris quoi que ce soit pour alléger les souffrances de la population de ces deux régions, bien en revanche, ils n'hésitent pas à apporter leur soutien au régime marocain, à le défendre et à couvrir ses turpitudes. Le dernier exemple était la concession de 32 millions d'euros au régime marocain sous le prétexte de contrôler les flux migratoires, ainsi l'Espagne contribue davantage à la militarisation du Rif. 




Ce que les États européens devraient comprendre, -ces mêmes États qui ont défendu les idées libérales depuis la fin de la deuxième guerre mondiale-, y compris la France et l'Espagne, malgré leurs dérives autoritaires récemment, notamment la répression sans précédent contre le mouvement des Gilets Jaunes, et la répression en Catalogne en emprisonnant les hommes politiques, le soutien aux régimes policiers et répressifs ne donnera pas naissance à une quelconque stabilité ou rempart contre le terrorisme, par contre, les régimes répressifs provoquent les crises, les injustices, la misère, l'analphabétisme et tous les fléaux qui aboutissent à donner naissance à des différents maux, y compris le terrorisme. Les régimes policiers ne combattent le terrorisme et les autres maux qu'en apparence. Le véritable rempart contre le terrorisme et l'émigration, c'est le bien être des individus, le partage équitable des richesses, la démocratie, la liberté d'expression et une éducation de qualité pour tous.

Enfin, peut-être ou voire très probable, le soutien apporté par les États dite démocratiques aux régimes répressifs au fil des décennies passées était également l'un des motifs de déclin que connaît aujourd'hui la démocratie libérale au profit du populisme de l'extrême droite. 



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